Il y a un peu plus de trois ans, Yoann Gourcuff apparaissait pour la dernière fois sur un terrain de foot dans l’anonymat d’un match à Dijon. Le Breton n’aura jamais tenu les promesses de sa saison 2008-09 à Bordeaux - une des meilleures en L1 sur le plan individuel au 21ème siècle - à cause de blessures à répétition. Retour sur la carrière d’un des plus grand gâchis de l’histoire du foot français.
"Avec Gourcuff… Oh deux fois ! Exceptionnel ! Exceptionnel ! Yoann Gourcuff, on le compare à Zidane, mais on va le comparer encore un peu plus à Zizou après un tel enchaînement. Gourcuff magique !". Les cordes vocales de Grégoire Margotton s’en souviennent encore et tous les fans de Ligue 1 aussi. Le 11 janvier 2009, face au PSG, Yoann Gourcuff régalait le stade Chaban-Delmas d’un enchaînement exceptionnel conclu d’un pointu en pleine lucarne. Ce but - le plus beau de la saison 2008-09 - marquait les esprits et cette saison promettait de faire du Bordelais un des futurs cadors du foot français.
Gourcuff à 22 ans 💨🇫🇷
— Aliotop (@Aliotop_off) April 18, 2021
Même Margotton évoquait Zidane pic.twitter.com/TZi6VVPidQ
Cet exercice 2008-09 ne sera finalement qu’un pic au coeur des montagnes russes de la carrière de Gourcuff. Mais quel pic ! Arrivé en provenance du grand Milan AC, où il était bloqué par une énorme concurrence (Seedorf, Pirlo, Kaka, Gattuso…), la Ligue 1 va redécouvrir celui qui avait débuté à 17 ans avec le Stade Rennais. Installé à la pointe du milieu en losange de Laurent Blanc, derrière le duo Chamakh-Cavenaghi, le numéro 8 des Girondins régale par sa technique, sa vision du jeu, son sens de la passe et ses quelques bijoux comme face au PSG, Lens ou Toulouse.
La récompense arrivera en fin de saison avec le triplé de Bordeaux (championnat de France, Coupe de la Ligue, Trophée des Champions) et son titre de meilleur joueur de Ligue 1. Quelques semaines plus tard, il apparaît même parmi les 30 finalistes pour le Ballon d’Or 2009 (20ème au final). Yoann Gourcuff est alors au sommet mais la chute va déjà s’amorcer durant la saison 2009-10.
Diminué par une blessure à la cuisse, le meneur de jeu des Girondins joue moins et sa baisse d’influence se répercute sur les résultats du club aquitain qui échoue à se qualifier en Coupe d’Europe. La fin du cycle Laurent Blanc à Bordeaux est arrivée et, à l’été 2010, l’Olympique Lyonnais craque son budget pour attirer celui que Jean-Michel Aulas voit alors comme le joueur capable de redonner ses lettres de noblesse au septuple champion de France. Cinq ans plus tard, au moment où les deux clans se sépareront, le mot qui reviendra le plus souvent sera "échec industriel"...
En plus de traîner son spleen sous le maillot lyonnais, la faute à ses trop nombreuses blessures, Yoann Gourcuff va, sans le vouloir, entraîner l’OL dans des problèmes financiers avec son transfert à 22 millions d’euros et son salaire XXL ! En cinq ans à l’OL, il ne jouera que 23 matchs dans leur intégralité. Insuffisant pour devenir le leader technique tant espéré depuis le départ de Juninho, mais suffisant malgré tout pour laisser transparaître quelques coups d’éclat. Comme son but dans le derby en 2013 ou celui superbe face à l’OM en 2014. Sa passe décisive pour Jimmy Briand à la dernière minute du derby à Geoffroy-Guichard en 2013 est évidemment restée dans les mémoires des supporters lyonnais. Son coup-franc face à Nice aussi.
Le 10 août 2013, il y a 8 ans, Yoann Gourcuff inscrivait ce magnifique coup-franc de 30 mètres en pleine lucarne face à l'OGC Nice, lors de la victoire 4 buts à 0 ! 💥🔴🔵#OLRétro pic.twitter.com/MAhHubqRvn
— Olympique Lyonnais (@OL) August 10, 2021
Sa meilleure période lyonnais, il la connaîtra lors de l’hiver 2014 à la pointe de la 4G de Rémi Garde (Maxime Gonalons, Clément Grenier, Gueïda Fofana). Mais le corps de Gourcuff ne le laissera jamais tranquille et c’est d’ailleurs sur une énième blessure le 21 mars 2015 qu’il foulera pour la dernière fois la pelouse de Gerland avec le maillot de l’OL en sortant la tête baissée.
Camel Meriem, Marvin Martin, Samir Nasri, Yoann Gourcuff… Ils ont tous été plus ou moins comparés à Zinedine Zidane. À une époque où l’équipe de France se cherchait à tout prix un successeur. À l’image de l’héritage Juninho à l’OL, Gourcuff a aussi dû porter le fardeau Zidane sur ses épaules en Bleu. Après son but face au PSG avec les Girondins, L’Equipe titra "Le successeur" en Une du journal.
Une étiquette trop difficile à porter pour lui. Même si de tous les "futurs Zidane", il est peut-être celui qui s’est approché le plus du niveau de l’ancien numéro 10 emblématique des Bleus lors de sa saison 2008-09. Les deux partagent l’élégance sur un terrain, la recherche de l’esthétique et du beau geste avant tout, même l’efficacité. Mais en équipe de France (32 sélections, 5 buts), Yoann Gourcuff ne trouvera jamais sa place. Après le fiasco Knysna, il disparaîtra petit à petit des listes de Laurent Blanc et ne sera appelé que deux fois par Didier Deschamps, dont sa dernière sélection en juin 2013 face à l’Uruguay. Là encore, restent des flashs, des actions, un but : sa frappe splendide face à la Roumanie.
Le premier but de Yoann Gourcuff avec le maillot de l'équipe de France 🔥
— Julien Müller (@Julien5Muller) May 21, 2021
(quel gâchis...) pic.twitter.com/OI81WnrWvc
Après son échec lyonnais, Yoann Gourcuff reviendra chez lui à Rennes. En Bretagne, où il sera entraîné pour la première fois par son père, il retrouve un peu de sérénité dans un club moins exposé que Lyon. Mais les blessures ne l’épargnent jamais et après trois saisons, son contrat n’est pas renouvelé. Sa dernière pige à Dijon ne sera guère plus glorieuse (huit matchs). Le Breton s’éclipsera, à son image, dans la discrétion et quittera le monde du foot sur… une blessure face à Lille le 20 octobre 2018. À désormais 35 ans, Yoann Gourcuff n’a jamais officiellement annoncé sa retraite, mais son père l’a fait pour lui au micro de RMC en 2020 : "Il faut savoir tourner la page. Il y a eu beaucoup de frustration sur la fin de sa carrière mais il a bien digéré ça. Il faut être raisonnable, on ne reprend pas comme ça, après deux ans".
Le natif de Ploemeur (Morbihan) est retourné vivre dans sa région natale avec sa compagne Karine Ferri. Dans un récent entretien accordé à NewsOuest, l’ancien meneur de jeu se confiait sur sa nouvelle vie entre ses enfants, ses amis d’enfance, le jardinage et le tennis. "Je profite du temps que je n'ai pas forcément eu dans ma carrière, où un match chasse l'autre. On est toujours dans une immédiateté", explique-t-il.
Même s’il ne ferme pas la porte à un retour dans le foot (en tant qu’entraîneur ?), Yoann Gourcuff fait ce constat qui en dit beaucoup sur sa carrière : "Quand je repense à l'enfance, le football représentait mes rêves, j'en avais plein la tête grâce à ce sport. En grandissant, on se rend compte du décalage en évoluant. La passion a été plus grande pour le football quand j'étais enfant ou adolescent. Après, adulte, tout devient différent. On se rend compte de plein d'autres choses qui viennent polluer cette passion du départ. Il y a le contexte, l'environnement, plein de paramètres qui nous éloignent beaucoup trop du jeu, et de ce plaisir de jouer pour jouer".
L’arrivée des ‘Girondins de Bordeaux au stade d’entraînement de la @VillePloemeur ce matin à 10h, sous les yeux du local de l’étape... Yoann Gourcuff #Girondins #Bordeaux #FCLGIR
— Ronan Loas (@RonanLoas) April 23, 2021
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